Depuis plusieurs années, la situation socio-politique de la Perle des Antilles entrave l’un des plus grands événements culturels qui se déroule sur le territoire national, à savoir le carnaval. Chaque année la diaspora et les étrangers viennent partager une ambiance sans pareil en Haïti. Les gens viennent de partout pour s’amuser.
Cette activité annuelle permet au pays, à partir des secteurs concernés, de récolter de l’argent à travers la création d’emplois pour l’organisation des activités carnavalesques, l’accueil des fêtards et les bénéfices générés par leur présence.
Cette nation fait face, ces jours-ci, à un niveau de problèmes qu’elle n’a jamais connu. En plus des gangs qui sont disséminés à travers le pays, tous les secteurs de la vie nationale sont également problématiques ou inexistants. L’insécurité, l’une des plus grandes préoccupations des Haïtiens, pousse les gens à quitter leurs maisons, beaucoup de gens quittent le pays, parfois de façon désordonnée et sans aucun plan, les entreprises ferment, la diaspora et les étrangers ne visitent presque pas, les écoles fonctionnent quand c’est possible et une multitude d’autres problèmes se créent comme un effet domino. Sur le plan économique, il est important de comprendre que s’amuser n’est pas la préoccupation première de la majorité des habitants. La majorité de la population est en situation d’insécurité alimentaire, et ceux qui résistent ont souvent des problèmes financiers pour faire face aux soucis de leur vie personnelle. Il n’y a rien à dire de plus, tant tous les économistes et acteurs préviennent que la situation va empirer si rien n’est fait. On pourrait parler de tous les autres problèmes comme la santé, l’éducation, l’agriculture, l’environnement, l’équité du genre…mais ce n’est sûrement plus un secret: rien ne fonctionne dans ce pays. Rien. Dans une telle situation, il sera difficile de maintenir une
tradition, même si le premier peuple noir libre le voulait.
Le carnaval ne sera jamais ce qu’il était. Il ne sera plus jamais le même, à moins que certains des plus grands soucis ne disparaissent. Ensemble, le peuple haïtien a vu cette activité se dissiper. Malgré de nombreuses difficultés, il a réussi à vivre les derniers carnavals possibles. Maintenant, faire du carnaval une priorité est devenu une question de conscience. Même si c’était possible, même si beaucoup ne le négocient pas, même si pour d’autres c’est le seul moment pour s’amuser, même avec une considération des bénéfices générés par une telle activité… tous ces choix impliquent un large éventail de risques. Des risques que les décideurs doivent prendre en compte chaque fois qu’ils veulent perpétuer la tradition.
Le carnaval haïtien, comme toutes les autres traditions, contribue à l’identité des haïtiens en tant que peuple et les donne un sentiment d’appartenance. Il les rassemble autour de leurs valeurs, autour de ce qu’ils ont en commun. Ce peuple fort qui oublie trop souvent ses capacités et se laisse dominer. Lorsqu’ils décideront enfin à prendre le volant, il les faudra aussi essayer de de sauver le carnaval haïtien.
Pierre Jean Wosevelt CHATEAU
1 ère Année, MDS
Stage pratique
23 Avril 2023
RADOR – 18 mai