Non, la carte européenne de vaccination ne sera pas introduite en Roumanie

En septembre 2024, on lance une carte européenne de vaccination (EVC) – projet pilote qui sera mis en œuvre en Lituanie, en Grèce, en Belgique, en Allemagne et au Portugal. Des théories circulent sur l’Internet selon lesquelles la carte ne serait rien d’autre qu’un moyen de coercition et de contrôle, qui ferait également office de « passeport vaccinal ». En réalité, il s’agit d’un projet plus ancien, antérieur à la pandémie de Covid19, qui vise à renforcer la coopération intra-européenne concernant les maladies évitables par la vaccination. Sa mise en œuvre en septembre n’est pas obligatoire et ne vise pas la Roumanie, donc ces théories sont fausses.

Contexte

Récemment, des spéculations ont eu lieu dans les médias roumains concernant l’introduction de la carte européenne de vaccination, qui pourrait déclencher une nouvelle « dictature » mondialiste. Ainsi, le 24 juillet 2024, le site d’information activenews.ro, connu pour reprendre les opinions antivaccin, a publié un article concernant la carte de vaccination numérique européenne, sous un titre apparemment neutre : « La carte de vaccination numérique européenne sera lancée en septembre – Cinq pays piloteront le nouvel instrument”, qui contient également un avertissement : „À partir de 2026, il sera adopté dans tous les États membres de l’UE”. Activenews cite des informations glanées sur vaccinstoday.eu, surnommé « le site Web de propagande vaccinale de l’UE », qu’il accompagne d’explications éditoriales. „Pour justifier l’introduction d’une telle carte, semblable au certificat de vaccination pendant la dictature du Covid, le site /vaccinestoday.eu/ entre dans une frénésie alarmiste, faisant diverses références à des documents provenant de sites Internet d’organisations mondialistes dans le domaine de la santé : ” Les maladies zoonotiques – celles transmises des animaux aux humains – continuent de constituer une menace importante pour la santé mondiale. Face à la crise sans précédent du COVID-19, notre manque de préparation à l’échelle mondiale face à de telles épidémies est devenu évident. »

ActiveNews présente ensuite la carte européenne de vaccination, en déclarant „qu’ils veulent l’imposer à tous les citoyens”. « Prévue pour un lancement en septembre 2024, la carte sera initialement introduite dans cinq pays pilotes : la Lettonie, la Grèce, la Belgique, l’Allemagne et le Portugal. La carte vise à responsabiliser les gens en unifiant toutes leurs données de vaccination en un seul endroit facilement accessible. Il sera disponible sous différents formats, notamment des cartes imprimées, des copies envoyées par courrier et des versions numériques pour les smartphones. » Apparemment, Activenews reproduit des informations tirées de sites spécialisés, mais la conclusion de l’article a pour rôle d’éveiller des soupçons du type „on nous prépare quelque chose ” :

„En exploitant les leçons tirées de la pandémie de COVID-19 et en encourageant l’innovation dans la gestion de la vaccination, l’Europe prend des mesures essentielles vers un avenir plus résilient et plus sûr pour la santé” – conclut triomphalement le site de propagande vaccinale, annonçant l’utopique „paradis terrestre” en le domaine de la santé, qui se prépare pour nous. »

Dans une publication Facebook du 25 juillet 2024, qui compte plus de 700 redistributions, le député AUR Claudiu Târziu fait référence à un „passeport vaccinal” qui sera lancé dans le cadre d’un projet pilote en septembre 2024 dans plusieurs pays européens. Sans donner plus de détails sur le projet, le député qualifie la carte „moyen de coercition et de contrôle”.

Le message publié sur la page personnelle du politicien de l’AUR a été repris par la publication en ligne Rostonline.ro. Dans un article non signé du 25 juillet 2024, le texte est précédé de l’explication : « La /déclaration du politicien/ a été faite en réaction à l’information selon laquelle un projet pilote concernant le lancement de la carte de vaccination sera mis en œuvre, à partir de septembre 2024, dans cinq États de l’UE”. Le titre de l’article de Rostonline.ro fixe le déclencheur dans la déclaration : « Le carnet de vaccination : un moyen de coercition et de contrôle ».

Le 27 juillet 2024, le journal Capital.ro publie à son tour un article intitulé « L’UE a donné un ordre. Une nouvelle carte est insérée. La Roumanie sera obligée de l’utiliser”, et explique : „Pour une meilleure surveillance, l’Union européenne souhaite mettre en œuvre la carte européenne de vaccination, à partir de septembre 2024”. Bien qu’elle détaille les mêmes informations reprises par Activenews, la publication n’explique pas pourquoi le projet pilote représente un inconvénient ou un danger, mais utilise des déclencheurs tels que „ordre de l’UE”, „la Roumanie sera obligée”, etc.

Avec de légères variations, on retrouve le même texte sur le site d’information Realitatea.net : « Le nouveau manuel de l’UE pour une meilleure surveillance : La carte européenne de vaccination sera mise en œuvre à partir de septembre 2024 ». Le texte indique le site euvabeco.eu comme source.

Vérification

 

La carte européenne de vaccination évoquée dans les articles publiés fin juillet sur l’espace Internet en Roumanie est une proposition EUVABECO. Le projet EUVABECO (European Vaccination Beyond COVID-19) est financé par le programme EU4Health de la Commission européenne, et comme il est présenté sur le site, « il propose de doter les États membres de l’Union européenne de plans de mise en œuvre validés des pratiques de vaccination, s’adaptant à divers contextes pour permettre la coopération transfrontalière”. Selon le site Internet, le projet a été lancé le 1er janvier 2024. En recherchant les informations citées par la presse roumaine, on trouve sur ce site un article daté du 3 mai 2024 qui fait explicitement référence à l’EVC : « La carte européenne de vaccination (EVC) : une carte détenue par les citoyens pour favoriser une prise de décision en pleine connaissance et pour améliorer la continuité des soins dans toute l’UE. Et ajoute : « En réponse à la nécessité cruciale de rétablir la confiance dans les programmes de vaccination, le Conseil européen a proposé en 2018 une série d’actions visant à renforcer la coopération contre les maladies évitables par la vaccination. Cela a conduit à une étude de 2019 financée par l’Agence exécutive européenne pour la santé et la numérisation (HaDEA), qui a exploré la faisabilité d’une carte de vaccination européenne. L’étude impliquait l’analyse des documents de vaccination existants, la création et l’évaluation de prototypes EVC, l’évaluation de l’acceptation du public et le développement de stratégies pour une mise en œuvre potentielle au niveau de l’UE «.

Voici la phrase à laquelle font référence les informations recueillies dans la presse roumaine: « Sur la base de ces efforts, EUVABECO lance actuellement des projets pilotes EVC en Lettonie, en Grèce, en Belgique, en Allemagne et au Portugal. «

Du texte que nous avons repris in extenso et des informations disponibles sur le site Internet, on peut comprendre ce qui suit : en 2018, le Conseil européen a proposé de renforcer la coopération contre les maladies évitables par la vaccination ; en 2019, une étude de faisabilité a été réalisée concernant la mise en place d’un carnet de vaccination européen ; en janvier 2024, le projet européen Vaccination Beyond COVID-19 (EUVABEC) est lancé, financé par le programme EU4Health de la Commission européenne ; en septembre, le projet-pilote EVC sera lancé dans cinq pays de l’UE.

La carte européenne de vaccination est donc un projet plus ancien, antérieur à la pandémie de Covid19, qui vise à renforcer la coopération intra-européenne concernant les maladies évitables par la vaccination. Le Conseil de l’Union européenne a publié le 7 décembre 2018 une recommandation visant à renforcer la coopération dans la lutte contre les maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination. Il ne s’agit donc pas d’une obligation, ni d’une question de « coercition » et de « contrôle ». Le texte recommande aux États « d’explorer la possibilité de développer la capacité des institutions de santé et d’assistance à détenir des informations électroniques sur le statut vaccinal des citoyens, par exemple sur la base de systèmes informatiques assurant des fonctions de rappel, et d’inclure des données actualisées sur la couverture vaccinale pour toutes les catégories d’âge  et de permettre des corrélations et des échanges de données entre les systèmes de santé ». (Recommandations, paragraphe 7). Par ailleurs, le texte „salue l’intention de la Commission de prendre (…) des mesures pour établir un système européen d’échange d’informations sur la vaccination (EVIS), coordonné par l’ECDC” et pour établir „un portail européen d’information sur la vaccination, avec le soutien de l’ECDC (Agence européenne des médicaments), pour fournir en ligne des preuves objectives, transparentes et à jour sur les vaccins, leurs bénéfices et leur sécurité ainsi que sur le processus de pharmacovigilance”. Il s’agit donc d’une transparence maximale concernant les vaccins et non d’un complot vacciniste qui cache ou impose quelque chose de tacite.

(captură de ecran de pe site-ul https://eur-lex.europa.eu/legal-content/RO/TXT/?uri=CELEX:32018H1228(01)
/ (capture d’écran du site https://eur-lex.europa.eu/legal-content/RO/TXT/?uri=CELEX:32018H1228(01)

Quant à la carte (EVC), le projet s’appuie sur une série d’enquêtes réalisées dans les États membres sur la confiance dans la vaccination, sur la façon dont les doses et les types de vaccins qu’une personne reçoit sont actuellement enregistrés dans différents États membres, mais aussi  sur la nécessité d’une carte vaccinale européenne simple et généralement accessible, tant pour la personne concernée que pour les agents de santé. EVC est conçu « pour donner aux citoyens le contrôle de leurs données de vaccination, facilitant ainsi la gestion, l’examen et le partage de leurs dossiers de vaccination selon les besoins. En fournissant aux citoyens des informations précises et actualisées sur la vaccination, cet outil vise à stimuler une prise de décision éclairée, à accroître la continuité des soins et à renforcer la confiance dans les stratégies de vaccination aux niveaux national et européen. »

(captură de ecran de pe site-ul https://euvabeco.eu/news/european-vaccination-card-evc-a-citizen-held-card-to-foster-informed-decision-making-on-vaccination-and-improve-continuity-of-care-across-the-eu/)
/ (capture d’écran de https://euvabeco.eu/news/european-vaccination-card-evc-a-citizen-held-card-to-foster-informed-decision-making-on-vaccination-and -improve-continuity-of -soins-dans-l’UE/)

Selon EUVABECO, en septembre 2024, EVC sera lancé en tant que projet pilote en cinq pays. Au sens de l’UE et du ministère roumain des Investissements et des Projets européens, un projet pilote est une initiative à caractère expérimental destinée à tester la faisabilité d’une action et son utilité et ne peut pas durer plus de deux ans. Pour l’instant, il ne cible pas les citoyens roumains et l’Union européenne n’oblige pas la Roumanie à y recourir. Quant à la possibilité de son introduction à l’avenir et dans les autres États européens, cela reste à voir : le successeur d’un projet pilote est ce que l’on appelle l’action préparatoire, conçue pour préparer de nouvelles actions, telles que des politiques, des législations, des programmes, etc. et dispose d’un financement d’une durée maximale de trois ans.

Conclusion

 

La carte européenne de vaccination est actuellement au stade de projet pilote qui sera lancé en septembre 2024 dans cinq États de l’Union (Lituanie, Grèce, Belgique, Allemagne et Portugal). Il s’agit d’un projet plus ancien, antérieur à la pandémie de Covid19, qui vise à renforcer la coopération intra-européenne concernant les maladies évitables par la vaccination. La carte n’est pas et ne peut pas être un moyen de coercition et de contrôle, et elle ne fera pas non plus office de « passeport vaccinal ». Sa mise en œuvre en septembre n’est pas obligatoire et ne vise pas la Roumanie, donc toutes ces théories alarmistes sont fausses.