Non, les Khazars ne sont pas les ancêtres des Juifs ashkénazes.

Plusieurs études génétiques réalisées ces dernières années, mais aussi l’existence d’un trop petit nombre de preuves historiques, très problématiques quant à leur validité, ont fourni une base solide au monde académique, des historiens jusq’aux généticiens, pour réfuter la « théorie Khazare ».

CONTEXT

Dans l’article précédent sur les fausses déclarations concernant les nouveaux amendements à la loi sur la citoyenneté roumaine, presque toutes les affirmations alarmistes citées par nous ciblaient trois catégories de „populations” qui auraient „obtenu” la possibilité de devenir citoyens roumains après „seulement 3 ans” de séjour en Roumanie, préparant ainsi une opération de remplacement d’une partie de la population roumaine. Ces trois catégories seraient : les réfugiés ukrainiens, les travailleurs asiatiques et les soi-disant « Khazars », ces derniers étant de plus en plus invoqués sur les réseaux sociaux et sur les sites internet promoteurs des théories complotistes, comme synonymes du « monde occulte » (des Juifs Khazars).

La théorie de la « mafia/ l’occulte Khazare » affirme, en bref, que les « Juifs Khazars » sont des « Juifs ashkénazes qui ne descendent pas des douze tribus anciens d’Israël», mais « viennent d’Asie centrale et se sont installés au nord de la mer Noire, dans la région historique appelée Khazaria ». Ces « Juifs khazariens » « détiennent le pouvoir et le contrôle dans la sphère euro-atlantique, dictant leurs ordres aux États-Unis et à leurs alliés obéissants pendant de nombreuses années » et « imposent (leur) loi dans les sphères politiques, économiques, financières et militaires transfrontalières », comme on peut le lire dans un article du site Amosnews, daté du 26 août 2023 et intitulé Rothschild – Juifs Khazariens – Le mal satanique du monde d’hier et d’aujourd’hui.

Les partisans de la théorie sont convaincus que cette mafia a également un pouvoir total sur la Roumanie, imposant ses dirigeants et poursuivant la destruction du pays pour le transformer, à terme, en « Grand Israël ».

Captură de ecran de pe pagina de Facebook ”Prietenii adevărului” care are ca țintă predilectă ”khazarii”, văzuți ca vinovați de orice rău posibil și imposibil / Capture d’écran de la page Facebook „Amis de la vérité” qui a pour cible favorite les „Khazars”, considérés comme coupables de tous les maux possibles et impossibles

Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, le terme apparaît de plus en plus souvent dans les discours de certains hommes politiques roumains de la mouvance soi-disant « souverainiste », qui affirment même que la Roumanie est exposée au danger d’une invasion, avec « trois millions d’appartements » en préparation pour l’installation des „Juifs-Khazari” dans le pays (sujet que nous aborderons dans un article séparé).

La promotrice ayant la plus grande visibilité et audience en Roumanie (« voix publique n°1 de lutte contre l’assaut judéo-khasare (improprement appelée juif) de la Roumanie », comme l’écrit le site Incorrectpolitic) est Diana Iovanovici Șoșoacă, ancienne sénatrice du Parlement roumain et députée européene actuellement non affiliée.

Au-delà des publications FB et des transmissions vidéo dans lesquels elle évoque le terme khazar/kazar/cazar, publications identifiables par une simple recherche sur les réseaux sociaux, ses opinions sur ce sujet sont longuement exposées dans une déclaration publiée sur le site du parti qu’elle a fondé et dont elle est le leader, S.O.S. Roumanie. Ainsi, le 14 mai 2024, lors d’une séance du Parlement roumain consacrée aux relations amicales avec l’État d’Israël, Diana Iovanovici Șoșoacă, alors sénatrice, a protesté avec virulence, accusant que l’instauration de cette journée comme Journée de solidarité et d’amitié entre la Roumanie et l’État d’Israël est un acte de « trahison nationale », aux dépens de la Journée nationale d’hommage aux martyrs des prisons communistes. « Au lieu de commémorer nos MARTYRS DES PRISONS COMMUNISTES, nous sommes ici pour rendre hommage à un Etat qui nous opprime et infiltre toutes les structures de la Roumanie ». « Pendant que tout le monde crie que Poutine nous attaque, un seul Russe ne nous a attaqué, mais ce sont les Khazars et les méchants païens qui nous ont attaqués, qui maintenant s’emparent de notre pays et remplacent les Roumains chassés du pays ». « Les États-Unis et l’OTAN sont également dirigés par des Juifs. En fait, pas par les Juifs, mais par les Khazars, qui envahissent la Roumanie depuis environ 200 ans et asservissent ma nation roumaine ».

Le communiqué est également repris dans un document publié sur le site Internet du Sénat roumain, intitulé Exposition des motivations et signé par la sénatrice de l’époque, Diana Iovanovici Șoșoacă, et par les députés Lasca Mihai Ioan et Ciprian Ciubuc, entrés au Parlement sur les listes de l’Alliance pour l’Union des Roumains, parti qu’ils ont abandonné à d’autres formations souverainistes créées entre-temps. Le texte est complété, entre autres, par une citation provenant du Ioncoja.ro, l’un des sites les plus anciens qui circulent la théorie khazare en Roumanie, et qui affirme : « Les plus ANTISÉMITES sont les Khazars, c’est-à-dire les faux juifs, ceux qu’on trouve en Europe et partout. Les Juifs d’origine, qui diffèrent des Khazars par des preuves ADN, comme le dit un historien juif, se trouvent en minorité en Israël et en petit nombre dans d’autres pays. »

Derrière l’affirmation selon laquelle « les Khazars seraient en fait les usurpateurs des vrais Juifs », les sites conspirationnistes promoteurs de cette théorie reprennent la rhétorique antisémite de l’entre-deux-guerres:

Captură de ecran de pe pagina de Facebook a lui Marvin Atudorei, realizator de emisiuni online în care promovează partidele autointitulate ”suveraniste” / Capture d’écran de la page Facebook de Marvin Atudorei, producteur d’émissions en ligne dans lesquelles il fait la promotion des partis « souverainistes » éponymes

Cette théorie a été alimentée par la propagande russe qui tente de justifier l’invasion de l’Ukraine par une « confrontation entre les nationalistes russes et la puissance juive mondiale ». La vision de Corvin Lupu sur la guerre en Ukraine a été massivement diffusée tout au long de cette période aussi bien sur les réseaux sociaux que sur différents sites Internet, y compris la presse soie-dite « alternative ».

Dans un autre article, la Russie est considérée comme « un phare de la résistance », « le porte-drapeau de la vérité, ayant comme mission de dénoncer la corruption qui imprègne l’Ukraine et d’éliminer les tentacules de la cabale satanique ». Ainsi, l’invasion russe de l’Ukraine n’est pas un acte d’agression contre un État souverain, mais une « croisade », « un acte courageux de défi » « dans un monde où le pouvoir est souvent dicté par des marionnettistes de l’ombre qui tirent les ficelles invisibles » , plus précisément, « la mafia Khazare », comme on peut le lire dans l’article „Décoder l’énigme ukrainienne : l’ancienne Khazaria et la manipulation de l’État profond – le passé mystérieux de l’Ukraine”. Poate in ro ? Et les exemples dans ce sens sont innombrables.

Intensément utilisé par les hommes politiques de la zone autoproclamée « souverainiste », le terme Khazar a fortement pénétré la mentalité d’une bonne partie des utilisateurs des réseaux sociaux en Roumanie et est devenu synonyme de `juif`. Les sujets sensibles dans la société roumaine (y compris les problèmes liés au revalorisation des retraites, pour ne citer qu’un exemple récent) sont imputés aux Khazars par beaucoup de comptes sur les réseaux sociaux, certains ayant un profil de trolls, d’autres qui semblent appartenir à de vrais citoyens roumains. Même si nombre de ces publications FB suscitent peu de réactions, ils attirent l’attention par leur fréquence, la diversité des sujets abordés et surtout par leur violence verbale. Le danger représenté par les „Khazars” devrait donc jouer un rôle dans les campagnes électorales de cet automne, notamment parmi les partisans de la députée européenne Diana Iovanovici Şoșoacă, déjà officiellement désignée par son parti comme candidate à la présidentielle.

 

Captures de pages Facebook qui semblent soutenir Diana Iovanovici Sosoacă

VÉRIFICATION

Selon l’Encyclopaedia Britannica, les Khazars étaient une population d’origine turque, faisant partie d’une confédération de tribus qui se sont succédées au VIe siècle après JC. pour établir un empire commercial majeur, le royaume turc occidental (Turkistan) qui s’étendait dans la partie sud-est de la Russie européenne moderne. Au VIIe siècle, les Khazars obtinrent leur indépendance du royaume turc, mais durent faire face à l’expansion du califat arabe, jouant un rôle important en bloquant l’accès des Arabes, et implicitement de l’Islam, à l’Europe de l’Est. Après la défaite des Arabes, les Khazars s’étendirent vers l’ouest et leur royaume (appelé kaganat) atteignit son apogée dans la seconde moitié du VIIIe siècle, occupant le territoire le long de la rive nord de la mer Noire, depuis la basse Volga et la mer Caspienne à l’est jusqu’au fleuve Dniepr à l’ouest.

Des sources datant des IXe et Xe siècle affirment qu’au VIIIe siècle, les Khazars ont adopté la religion juive. Cependant, ces textes ne sont pas tout à fait infaillibles, et le manque de preuves archéologiques ou d’autres preuves physiques indiquant une conversion massive a remis en question à la fois l’étendue et la vérité historique de cette conversion, affirme également l’Encyclopedia Britannica.

Au Xe siècle, face à la montée en puissance des Petchenègues au nord et de la Russie kiévienne à l’ouest, le khaganat khazar subit un déclin après que son pouvoir fut écrasé par la campagne lancée par Sviatoslav, souverain de Kiev, en 965. Bien qu’ils continuèrent à être mentionnés dans les documents historiques jusqu’au 12ème siècle, le rôle politique des Khazars dans les terres du nord de la mer Noire a considérablement diminué en 1030, et à partir du XIIIe siècle, ils ont cessé d’être mentionnés dans les documents écrits.

Ainsi, les Khazars furent oubliés pendant des siècles, remis en discussion à partir du XIXe siècle par les premiers sionistes qui s’intéressèrent à cette population dans la perspective d’un éventuel État juif historique. Mais la « célébrité » moderne des Khazars est due à un livre, « La Treizième Tribu », écrit en 1976 par l’écrivain hongrois-britannique d’origine juive Arthur Koestler, dans lequel il affirme que les Juifs ashkénazes sont les descendants des anciens Khazars convertis au judaïsme. Concrètement, Koestler combat « l’idée traditionnelle d’un exode massif des Juifs occidentaux de Rhénanie vers la Pologne » et de là vers l’Europe de l’Est en général, et estime que les anciennes communautés juives établies notamment en Allemagne et en France, après l’expulsion de leur territoire par les Romains, furent exterminés par les représailles chrétiennes lors des Croisades, mais aussi par la peste noire. Ainsi, affirme Koestler, « l’Europe occidentale est restée Judenrein (sans Juifs) pendant environ deux siècles, avec seulement quelques enclaves en croissance », jusqu’à ce que de nouvelles communautés juives soient fondées soit par les séfarades (juifs d’Espagne), soit par les juifs originaires de l’Est, « dont nous supposons que la majorité était d’origine khazare ». Mis au défi d’expliquer pourquoi les juifs ashkénazes parlaient le yiddish, un idiome basé principalement sur l’allemand médiéval, Koestler admet que « parmi les derniers immigrants en Pologne, il y avait aussi quelques ”authentiques” Juifs provenant de Bohême et d’Allemagne de l’Est. Bien que relativement peu nombreux, ces juifs germanophones étaient supérieurs aux Khazars en termes de savoir et de culture », de sorte que « les rabbins d’Occident représentèrent un facteur fort de germanisation des Khazars, dont le judaïsme était fervent, mais primitif », affirme également Koestler.

La « théorie Khazare » a été contestée par de nombreux historiens, certains affirmant que la conversion même des Khazars au judaïsme n’a pas eu lieu, tout étant une « histoire magnifique », dépourvue de tout fondement factuel, comme l’affirme le professeur Shaul Stampfer de l’Université hébraïque Jérusalem, spécialiste de l’histoire des Juifs d’Europe de l’Est.

Stampfer soutient que le principal document historique invoqué, la Correspondance Khazare, est une création des Juifs séfarades d’Espagne, et que les autres sources historiques, aussi peu nombreuses soient-elles, sont très problématiques.

Il existe de nombreuses autres controverses historiques, dont la plus importante est l’impossibilité de détecter une influence turque dans la culture ultérieure des Juifs ashkénazes, notamment en ce qui concerne la langue qu’ils parlent. Selon l’Encyclopedia Britannica, le document yiddish le plus ancien remonte au XIIe siècle, mais les chercheurs datent les origines de cet idiome au IXe siècle, lorsque les Ashkénazes se sont affirmés comme une entité culturelle distincte en Europe centrale. En plus des anciennes composantes sémitiques (des langues hébraïque et araméenne), la structure grammaticale et lexicale de base est principalement allemande, à laquelle une composante slave a ensuite été ajoutée à la suite du mouvement vers l’est de l’Europe. Mais si dans le yiddish des éléments anciens issus des langues romanes (ancien italien, français) sont présents, témoignant de la descendance des juifs ashkénazes issus des anciennes communautés juives de l’ancien Empire romain, on ne peut en dire autant des éléments issus d’une quelconque langue turque, dont la trace devrait être linguistiquement contraignante si la population de langue yiddish était effectivement à une époque majoritairement khazarienne, c’est-à-dire turque. La plupart des arguments contre la « théorie khazare » ont été apportés ces dernières années par des analyses génétiques.

Une étude publiée en 2014 dans l’International Journal of Population Genetics and Anthropology de Wayne State University, à laquelle ont participé plus de 30 chercheurs de divers pays, dont Israël, la Russie, l’Arménie, l’Estonie, la Bosnie-Herzégovine, la Grèce, l’Italie et les États-Unis, analysé les données génétiques extraites de 1 774 échantillons provenant de 106 populations juives et non juives d’Europe, du Moyen-Orient et de la région historiquement associée à l’ancienne Khazarie. Utilisant diverses techniques standards pour analyser la constitution génétique de la population, l’étude a révélé que les Juifs ashkénazes partagent le plus d’ascendance génétique avec d’autres populations juives et, parmi les populations non juives, avec des groupes européens et du Moyen-Orient. Aucune similitude particulière entre les Juifs ashkénazes et les populations du Caucase, en particulier avec les populations qui devraient être les plus étroitement liées à ce que signifiait le royaume Khazar dans l’histoire, n’a été soulignée.

Comme le soulignent les auteurs, l’étude confirme les résultats d’autres études antérieures selon lesquelles les Juifs ashkénazes tirent leurs ancêtres principalement des populations du Moyen-Orient et d’Europe et qu’ils partagent une ascendance commune considérable avec d’autres populations juives. Par exemple, une étude de 2000 publiée dans le journal officiel de l’Académie nationale des sciences des États-Unis, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, démontre le lien génétique entre les juifs et d’autres populations non juives du Moyen-Orient.

Il y a des démystifications de la « théorie khazare », même par des théoriciens du complot, tels que David Duke, un homme politique américain et idéologue de la suprématie blanche, qui a admis avoir « accepté pendant des années la théorie khazare comme étant vraie ». En 2016, Duke a présenté un article détaillé sur son site Internet appelant à « reconsidérer la théorie khazarienne » (également publiée en roumain sur le site orthodoxe info) car il s’agit d’une « fausse théorie » promue par les « juifs communistes » et « d’une tactique pour cacher le racisme de la suprématie juive ». Mais au-delà de ses arguments en faveur du remplacement de la « théorie khazare » par une autre théorie du complot, son article est intéressant car il passe en revue une grande partie des études génétiques réalisées jusqu’à présent pour démontrer que, sur la base d’analyses ADN, il n’y a aucun lien entre les juifs ashkénazes et les anciens khazars. Plus précisément, David Duke invoque 12 études génétiques, dont il présente les conclusions en détail, pour combattre la seule étude qui soutient un lien avec les anciens khazars, intitulée « Le chaînon manquant de l’ascendance juive européenne : confronter la théorie de la vallée du Rhin et la théorie khazare ». L’étude publiée en 2013 par Eran Elhaik, professeur à la Faculté de Médecine de l’Université Johns Hopkins, conclut que « le génome des Juifs européens est une mosaïque de populations anciennes, comprenant des Khazars judaïsés, des Juifs gréco-romains, des Juifs mésopotamiens, et que leur structure démographique s’est formée dans le Caucase et sur les rives de la Volga, avec des racines qui s’étendent jusqu’à Canaan et sur les rives du Jourdain ». L’étude, très populaire parmi ceux qui soutiennent la « théorie khazare », a cependant été critiquée par la communauté scientifique tant au niveau de la méthodologie utilisée que des échantillons sélectionnés, comme le choix de seulement 8 juifs dont les données ont été comparées à des populations susceptibles d’être représentatives pour les anciens khazars, y compris les Arméniens et les Géorgiens, qui ne sont pas d’origine turque.

En Roumanie, la théorie khazare a pris une nouvelle dimension après l’invasion russe de l’Ukraine, au même titre que l’expansion de cette théorie dans les cercles extrémistes du reste de l’Europe, rejoignant la vaste série de théories du complot antisémite entourant la guerre en Ukraine. Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, le terme « khazare », synonyme du « juifs », a gagné en « popularité » du fait de sa circulation dans l’espace public par des hommes politiques de la zone autoproclamée « souverainiste », qui ne cachent pas leurs liens avec Russie.

La théorie sert également à remettre en question la légitimité de l’État d’Israël et son droit à exister sur le territoire actuel, en arguant que si les juifs d’aujourd’hui ne sont plus liés à l’ancienne population biblique, alors ils n’ont aucun droit historique à retourner dans l’ancienne Palestine. En fait, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a invoqué cette théorie à deux reprises, en 2018 et en 2023.

Conclusion

Non, les Khazars ne sont pas les ancêtres des Juifs ashkénazes. Plusieurs études génétiques réalisées ces dernières années, mais aussi l’existence d’un petit nombre de preuves historiques, très problématiques quant à leur validité, ont fourni une base solide au monde académique, aux historiens et aux généticiens, pour réfuter la « théorie khazare ». Ainsi, le terme khazar, circulé de plus en plus fréquemment ces derniers temps, notamment par les hommes politiques de la sphère dite souverainiste, n’est que le camouflage d’une rhétorique antisémite.