Une vidéo virale, diffusée sur Whatsapp et Tiktok depuis le 11 mai 2024, affirme que la dernière vague de poussière saharienne tombée sur la Roumanie était de l’arsenic, déversé intentionnellement. Après vérification, c’est faux.
Contexte
Dans la nuit du 23 au 24 avril 2024, il a plu sur le sud et l’est de la Roumanie. Des particules de poussière saharienne emportées par le vent à 3000 mètres d’altitude ont été amenées par les pluies jusqu’au sol, où les Roumains pouvaient voir le matin, notamment sur les voitures, une boue couleur brique. Le phénomène était plus prononcé dans le sud de la Grèce et sur l’île de Crète. Le 11 mai 2024, une vidéo a été publiée sur TikTok par un utilisateur roumain appelé ofelia0211. L’enregistrement prévient que la Roumanie est attaquée à l’arsenic : « Nous sommes empoisonnés à l’arsenic. Cette poussière saharienne, qui était en fait des déchets radioactifs jetés uniquement sur la Roumanie, contient de l’arsenic, 200 fois plus que la limite maximale autorisée pour la sécurité sanitaire d’une personne. Vous devez boire du lait, au moins un litre de lait par jour. Peu importe le lait. Le lait est l’antidote. Boire un litre de lait chaque jour pendant au moins deux semaines. Les symptômes actuels sont un syndrome pseudo-grippal, une gorge irritée, de la toux, pas de mucosités, pas de fièvre. Certains d’entre vous vont dire « oh, je n’ai pas de symptômes ». Eh bien, vous n’avez pas de symptômes, mais peut-être que dans un mois ou deux vous développerez un cancer parce que l’arsenic est le troisième poison le plus puissant au monde, après le cyanure de potassium et la digoxine ? Bonne chance avec ça ! »
Cette vidéo a été partagée 4691 fois, a reçu 2810 « likes» et 235 commentaires sur TikTok, mais elle a aussi circulé massivement sur Whatsapp.
Vérification
RADOR a demandé une réaction officielle de l’Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement (ANPM). Dans la réponse reçue par email le 17 mai 2024, il est précisé que le processus s’est produit dans un contexte de circulation de l’air et de transport de poussières sahariennes en suspension, en altitude, dans la zone du bassin méditerranéen et de l’Afrique du Nord, pendant la période du 20 au 25.04.2024.
Après avoir analysé les données des stations automatiques de surveillance de la qualité de l’air situées dans la ville de Bucarest et à proximité immédiate (département d’Ilfov), l’ANPM indique « pour l’indicateur des particules en suspension, la fraction PM10, il a été constaté qu’avec l’apparition des périodes de pluie, le 18.04.2024, la concentration moyenne de poussières en suspension, la fraction PM10, au niveau de la Capitale a diminué, restant en permanence en dessous de la valeur limite de 50 µg/m³ pendant 24h ».
L’ANPM a prélevé des échantillons de particules en suspension, pour les analyser, dans le cadre d’un régime autorisé, notamment en vue de déterminer la teneur en métaux lourds (Pb, Ni, Cd, As), à partir de la fraction PM10 : « Détermination de la concentration des métaux lourds – plomb (Pb), nickel (Ni), cadmium (Cd) et arsenic (As) – à partir des poussières en suspension, la fraction massique PM10, a été réalisée sous un régime accrédité, et les valeurs obtenues n’ont pas mis en évidence la présence d’indicateurs Cd et As dans les échantillons analysés au-delà de la limite de détection de l’équipement de mesure ». Ainsi, « sur la base de ces résultats, on peut apprécier que l’impact des métaux lourds présents dans les particules en suspension n’a pas eu d’impact significatif sur l’environnement. Nous soulignons que cette conclusion se réfère strictement aux échantillons d’air collectés (qui, en raison du régime pluviométrique de la période concernée, présentaient une faible charge de particules) et ne peut être extrapolée à la „poussière saharienne” en général. »
Les analyses des échantillons prélevés ont été effectuées tant par l’Agence de Protection de l’Environnement (APM) de Bucarest que par l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPM), par l’intermédiaire du Laboratoire National de Référence sur l’Air, en utilisant des méthodes de référence et/ou standardisées- précisait l’ANMP dans le courriel transmis à RADOR.
Verdict
Les poussières rougeâtres tombées dans la nuit du 22 au 24 avril sur le sud et l’est de la Roumanie proviennent de fines particules charriées par le vent en provenance du Sahara. Aucun arsenic n’a été largué sur la Roumanie. En conséquence, l’allégation selon laquelle les Roumains seraient attaqués à l’arsenic est fausse.